Les mauvaises herbes et le cultivateur

Les mauvaises herbes et le cultivateur

Tout cultivateur, qu’il pratique une agriculture traditionnelle ou biologique, vous dira qu’il n’existe pas de “mauvaise herbe”. Il vous avouera pourtant qu’une partie de son métier consiste à maîtriser ces satanées “adventices” qui nuisent à sa culture.  

L’adventice n’est pas plus mauvaise qu’un autre végétal. Ce qui lui est reproché, c’est de pousser au mauvais endroit. Petits pois et carottes ne sont pas censés se rencontrer avant leur mise en boîte. Si une repousse de pomme de terre s’invite au milieu d’un champs de betteraves, elle sera dégradée au rang d’adventice risquant de contaminer les belles sucrières de mildiou ou nématodes. 

Il est connu que certaines adventices peuvent avoir quelques vertus sur leurs congénères bien plantés, toutefois les cultivateurs traditionnels vous apprendront que ce ne sont pas la majorité. 

Leurs effets négatifs peuvent être préjudiciables à deux niveaux : le rendement et la qualité. 

  • Elles diminuent le rendement

En puisant leurs nutriments dans le même sol que la culture, les adventices entrent en concurrence avec celle-ci. Elles se battent aussi pour la lumière et l’eau. Pour gagner la bataille, certaines adventices iront jusqu’à produire des composés allélochimiques destructeurs. 

  • Elles peuvent altérer la qualité de la récolte

Mais ce que le cultivateur redoute par dessus tout, c’est l’invasion d’indésirables. Certaines adventices sont des hôtes pour les champignons ou les insectes phytophages. Elles en deviennent très menaçantes. 

Par exemple, il fut un temps où des graminées hébergeaient un champignon parasite appelé l’ergot du seigle. Celui-ci fit des ravages dans les cultures de céréales au Moyen Âge. Il refit une apparition au 20e siècle à Pont-Saint-Esprit lors de l’épisode du pain maudit. Aujourd’hui, l’ergot du seigle a presque disparu. Il faut cependant rester vigilant car il réémerge dans certaines cultures biologiques

En plus de servir d’hôtes à des indésirables, les adventices peuvent être de redoutables poisons comme, par exemple, la datura de la famille des solanacées. Elle présente de puissants alcaloïdes toxiques et peut envahir les cultures de haricots ou d’épinards qu’elle rend alors impropre à la récolte industrielle. 

Autre problème des adventices, s’il en fallait encore, elles peuvent rendre le champ impraticable aux machines de récolte. Ainsi, le gaillet s’entoure autour des batteurs des moissonneuses et les chénopodes empêchent le bon fonctionnement des engins. Autant de désagréments qui empêchent les champs envahis d’être utilisés par l’industrie agroalimentaire. 

La question n’est donc pas “pourquoi désherber?” mais “comment ?”

Les herbicides sont une invention assez récente. Leur utilisation s’est généralisée autour des années 1950 lorsque la main d’oeuvre a commencé à faire défaut dans nos campagnes.

Avant cela, la tâche ingrate d’arracher les “mauvaises herbes” était souvent laissée aux femmes et aux enfants. Le prétexte étant que les dames étaient plus souples et que les bambins devaient moins se baisser. Ce travail laborieux n’était pas sans conséquence. Il pouvait provoquer la maladie du dos courbé ou “plicature champêtre”. L’invention des bineuses et herses étrilles a déjà quelque peu soulagé les petites mains. 

Mais c’est surtout l’arrivée des herbicides chimiques qui a été vécue comme une avancée majeure. En facilitant le travail des cultivateurs, ceux-ci ont libéré femmes et enfants de cette besogne abrutissante. 

De la bonne utilisation des herbicides

Aujourd’hui, l’impact des herbicides sur l’environnement et la santé fait l’objet de nombreuses études. Leur utilisation est même rejetée par certains qui ont pourtant bien du mal à proposer des alternatives efficaces. 

Les herbicides chimiques sont fortement contrôlés et leurs dosages revus constamment à la baisse. L’objectif est de trouver la dose minimale efficace. Certains produits utilisés jadis comme l’acide sulfurique, le white-spirit ou les colorants ont été remplacés par des produits mieux maîtrisés comme les sulfonylurées. 

Le défi pour l’agriculteur contemporain est donc de faire de ces herbicides une utilisation consciente et responsable sans pour autant se priver de leurs nombreux avantages.

 

Article inspiré par : Le bon fermier et les mauvaises herbes…Laissez-moi vous expliquer pourquoi le cultivateur essaie de contrôler les mauvaises herbes! – Guy Vroman – Voix de la terre –  www.sillonbelge.be – 30/1/2020