Interview de Steven Ware: Architecte Associé chez Art and Build
Interview de Steven Ware: Architecte Associé chez Art and Build
Monsieur Steven Ware est architecte associé au bureau Art and Build installé en Belgique, en France et au Luxembourg. Biologiste devenu architecte, Mr Ware explique à Thierry Delperdange (Libramont TV) l’importance d’intégrer le flux du vivant dans la conception des habitations et ville. Pour lui, il est essentiel de prendre en compte le bilan carbone dans les projets de construction d’aujourd’hui.
Réunifier villes et campagnes
Pour Monsieur Ware, ville et campagne ne sont pas deux entités distinctes. La ville doit être vue comme un espace qui intègre aussi le vivant. La biodiversité y est présente grâce aux insectes, oiseaux, etc. Si il est vrai qu’aujourd’hui, la ville bétonnée est un point de blocage aux flux biologiques, il faut la repenser pour y remettre de la fluidité.
Chez Art and Build, les architectes sont invités à penser le vivant dans toute sa dimension. Dans leurs projets cela se marque notamment par la réintroduction de matériaux bio sourcés comme le bois, le chanvre ou le lin.
Une idée qui n’est pas neuve
Mr Ware rappelle que, de tout temps, la nature a été intégrée aux constructions. Il suffit de regarder les décorations des bâtiments qui font la part belle aux lézards, aux oiseaux par exemple. Sciences et Art se sont toujours inspirés l’un de l’autre.
Pour Mr Ware, l’échelle temporelle de l’architecte est à revoir et à intégrer au même titre que toutes les échelles temporelles du vivant qu’elles soient moléculaires ou organismiques. Si la mission de l’architecte est de créer un habitat aussi confortable que protecteur à une échelle humaine, il doit aussi penser à la pérennité de son ouvrage à très long terme ainsi qu’à son intégration dans le cycle naturel. Son but est de tisser des liens dans le flux du vivant.
Mr Ware rappelle que le biomimétisme a toujours été utilisé. L’homme s’inspire de la nature pour rendre son environnement plus confortable.
Le changement climatique nous pousse à avancer
Mr Ware insiste sur l’importance d’intégrer la réflexion carbone à chaque projet. Il est maintenant prouvé que notre défi est de réguler le carbone qui menace notre environnement.
Le bois est le piège à carbone idéal. Une construction en bois permet de stocker une grosse quantité de CO2. Bien entendu, pour que cela fonctionne, il faut couper l’arbre de façon responsable et maintenir l’environnement en créant les bioressources pour demain.
Les avantages et inconvénients du bois dans la construction
Mr Ware nous fait prendre conscience que le bois est toujours associé à une essence, à une histoire, à un lieu. Il existe donc un lien profond, émotionnel, entre l’homme et le bois. L’esthétisme du bois est très puissant. La biophilie rappelle l’importance de la nature pour notre bien-être, notre santé. Il faut évidemment accepter que le bois, comme nous, vieillisse et soit entretenu. Le bois nous invite à “prendre soin”.
Le seul défaut que lui reconnaît Mr Ware est son manque d’inertie lié à sa masse plus faible que la pierre par exemple. Le défi technique de l’architecte est donc de réfléchir à une enveloppe performante pour le bâtiment bois.
La volonté de “bien faire”
En guise de conclusion, Mr Ware insiste encore sur l’importance de “penser carbone” dans tous les projets de construction, depuis le choix des matériaux jusqu’aux procédés de mise en oeuvre. Il se réjouit aussi que le numérique ouvre de formidables perspectives dans le travail des matériaux naturels.
Comme le thème de La Foire 2019 et Demoforest le montrent, Mr Ware constate avec plaisir la volonté de “bien faire” d’un nombre grandissant de personnes pour relever le défi climatique.