Interview de Patrick Moutschen: Administrateur de Mobic

Monsieur Moutschen est l’Administrateur de la société Mobic spécialisée dans l’innovation de l’ossature bois. Il répond aux questions de Thierry Delperdange pour Libramont TV à l’occasion de la Foire 2019. 

Particulièrement inspiré par le thème “Qui construira nos villes de demain?”, Mr Moutschen y voit comme un alignement des planètes, de bonne augure pour l’avenir de la construction bois. 

Pour lui, le bois n’a pas encore livré toute sa puissance. Il nous explique, avec beaucoup de passion, comment les entreprises de son groupe, allant de la scierie à la construction en passant par l’industrie 4.0 et le bureau d’étude, apprennent à mieux comprendre l’arbre pour développer son plein potentiel dans des constructions d’avenir plus écologiques.  

Le bois un matériau vivant avant tout

Mr Moutschen nous invite à prendre conscience que l’arbre est d’abord un être vivant avant de devenir un matériel à utiliser. Au cours de ses 100 à 120 années de vie, l’arbre a connu d’innombrables intempéries, attaques, même parfois des guerres humaines. Malgré cela, il a continué à vivre. Avec un seul point d’attache au sol, il s’est développé en hauteur sans succomber aux forces du vent, de la neige ou de la sécheresse. Au fil des ans, l’arbre s’est donc construit une structure aux propriétés techniques incroyables. 

Réinventer la façon d’utiliser l’arbre dans la construction

Pour Mr Moutschen, la scierie traditionnelle décompose l’arbre en le coupant en planches. Elle lui coupe ses tendons et lui fait perdre une grande partie de ses capacités. Cela oblige de créer du bois technologique comme le lamellé-collé ou le CLT qui sont très énergivores et consommateurs d’additifs. Sans renier l’utilité de ceux-ci, Mr Moutschen invite à revenir à une utilisation plus simple du bois. Par exemple, en plaçant des troncs entiers, étudiés, à la place de colonnes.

C’est pour répondre à cette vision que Scidus, la scierie du groupe et son bureau d’étude, développent des technologies de pointes qui permettent de caractériser le bois au niveau mécanique, statistique, morphologique afin de répondre aux exigences des architectes et ingénieurs pour des constructions de plus en plus complexes. 

L’industrie 4.0 au service de la construction bois

Automaticien passionné et créatif, Mr Moutschen explique comment la holding du groupe s’occupe de l’automation. L’industrie 4.0 apporte la numérisation du produit. Après scannage de l’arbre, les robots créent des assemblages innovants de bois permettant de répondre à des contraintes et normes techniques très élevées. 

Depuis une 20e d’années, Mr Moutschen et ses collaborateurs démontrent qu’il est possible d’utiliser l’automation industrielle pour réinventer le bois dans le secteur de la construction. Leur objectif est d’obtenir des performances énergétiques et écologiques beaucoup plus grandes.

Chaque jour, ils créent, inventent, pour construire des bâtiments emblématiques innovants qui répondent aux besoins de la société du futur.  

L’avenir de la construction bois

Si Mobic construit des bâtiments de plus en plus grands, en ville notamment, Mr Moutschen insiste sur l’importance de chaque projet que ce soit une maison unifamiliale ou un grand ensemble pour collectivité. Aujourd’hui, Mobic est fier de participer à la construction de la maison provinciale à Namur, un bâtiment emblématique de 10.000M². 

Avec la diminution du nombre de terrains à bâtir en Wallonie, il voit l’avenir du métier s’orienter de plus en plus vers la rénovation, dans les villes principalement. C’est pourquoi, sa société est de plus en plus amenée à relever des défis comme l’habillage de bâtiments de ville en acier ou béton des années 60-70. Il s’agit de chantiers de rhabillage par l’extérieur avec des structures bois très isolantes.

Les avantages du bois dans la construction

Construire en bois est une tradition humaine ancestrale rappelle Mr Moutschen. Le bois est un matériau local inépuisable pour peu que les forêts soient bien gérées. Ses propriété mécaniques sont incroyables et souvent encore sous estimées. 

Mr Moutschen se veut optimiste sur l’avenir de ce métier passionnant qui n’a pas atteint ses limites. Il est convaincu qu’il faut respecter notre bois local, mieux le comprendre et avoir une utilisation raisonnable de nos forêts sans vouloir suivre une mondialisation qui, pour lui, n’a pas de sens.